Le grand salon high-tech berlinois a fermé ses portes ce weekend . Il a été un lieu de choix pour les constructeurs de smartwatches, qui ont présenté de nombreux nouveaux modèles. Et le grand perdant logique de ces annonces est très certainement Pebble. Explications.
Un marché balbutiant
Le marché des montres connectées évolue rapidement. En 2012, Pebble l’avait amorcé en réussissant avec succès sa campagne Kickstarter. Par la suite, Samsung et Sony ont tenté l’expérience avec des modèles peu performants (Smartwatch 2 ou Galaxy Gear). En mars 2013, la Google I/O avait marqué le lancement du système Android Wear, choisi par la plupart des fabricants majeurs comme système d’exploitation pour leurs montres connectées. C’est ainsi que la LG G Watch et la Moto 360 sont arrivées sur le marché. Deux bons modèles, mais qui souffraient tout de même de performances moyennes. LG a rapidement corrigé le tir en sortant la G Watch R puis la G Watch Urbane, bien plus réactives, et bénéficiant d’une autonomie supérieure (deux jours).
Pebble star du début d’année
C’est sur Kickstarter que Pebble a choisi de lancer son deuxième modèle, la Time. Et le succès a été au rendez-vous avec plus de 20 millions de dollars récoltés. À ce moment-là, le vrai argument de Pebble repose sur la compatibilité Android/iOS et une très bonne autonomie, supérieure à cinq jours. Ce nouveau modèle apporte également un écran en couleur (toujours e-paper) ainsi que le contrôle vocal, utile sur Android, mais pas sur iOS. Pendant un mois, Pebble est la star du web en pulvérisant le record Kickstarter grâce à un marketing soigné. Mais avril arrive et un tsunami se prépare…
Apple met les petits plats dans les grands
La sortie de l’Apple Watch en avril a fait l’objet d’une campagne marketing jusqu’ici jamais vue du côté de la marque à la pomme. En plus des supports classiques, comme pour chaque nouveau produit, Apple a choisi une communication ciblée en visant les influenceurs du luxe et du sport, en plus. Aussi, et c’était une première, des blogueurs/youtubeurs ont été conviés à la Keynote de présentation. Une célèbre blogueuse américaine tient même depuis un journal sur le site officiel, dans lequel elle raconte sa vie avec l’Apple Watch. L’objectif : démocratiser au maximum sa montre, que ce soit dans le monde de la mode, du sport ou de la high-tech. Et la recette fonctionne, les chiffres de ventes battent des records et Apple prend directement 75% de parts de marché.
Quelle place pour Pebble ?
À la mi-2015, si vous vouliez une smartwatch, le choix était assez simple : si vous aviez un téléphone Android vous pouviez choisir une montre Android Wear, la Gear S de Samsung ou la Pebble Time. Pebble était alors un excellent choix avec ses 249€, là où des modèles comme la Gear S ou la LG Watch Urbane étaient plus onéreuses. Si vous aviez un iPhone, vous aviez le choix entre une Apple Watch à 349€ minimum et la Pebble Time.
La Pebble Time bénéficiait alors d’un bon placement en terme de prix et sa compatibilité multi-iOS était clairement un bon point, les utilisateurs d’iPhone n’ayant que le choix entre deux montres.
Android Wear sous iOS, le coup de massue
Mais sur un marché avec des itérations aussi rapides, tout peut changer très vite. Et, quelques jours avant l’IFA, Google a annoncé la compatibilité d’Android Wear avec l’iPhone. Les utilisateurs d’iOS ont désormais le choix entre une dizaine de modèles, et Pebble se retrouve en confrontation directe avec les modèles Android Wear.
En plus de cela, le salon a vu arriver des modèles comme la Gear S2, la Moto 360 2e génération et la Huawei Watch, qui, même si plus chères que la Time viennent concurrencer le modèle Time Steel de la marque. C’est finalement un modèle moins attendu qui se positionne en tant que concurrent majeur de la Time : la ZenWatch 2 d’Asus. En plus d’un écran tactile, tournant sous Android Wear, compatible iOS et Android, la ZenWatch 2 affiche un prix de 149€, bien en dessous de la nouvelle Pebble.
Au final, il ne reste aujourd’hui comme argument de vente pour Pebble que la batterie de 5 jours. Mais étant donné les progrès des concurrents, nul doute qu’ils arriveront très rapidement au même niveau, avec un écran tactile et un catalogue d’applications beaucoup plus important. Car c’est un fait, les développeurs sont aujourd’hui plus focalisés sur les applications Android Wear et Watch OS, étant donné le potentiel du marché. Pebble a donc du souci à ce faire, et n’aura pas le droit à l’erreur le jour où la startup présentera un nouveau modèle.
Ajouter un commentaire