La révolution du commerce par les objets connectés

Si les objets connectés sont sur toutes les lèvres, ils sont également au cœur des réflexions stratégiques des entreprises, et notamment celles des distributeurs.

Un service plus qu’une simple fonction

Lorsque l’on parle d’objets connectés, on s’interroge avant tout sur leur adoption par le consommateur. Aujourd’hui nombreux sont les early adopters à tester, challenger ces nouveaux produits mais l’acquisition et l’adoption par la grande majorité sont encore incertaines.

Si demain tous les objets pourraient potentiellement être connectés, ils devront surtout et avant tout apporter une nouvelle promesse à tout un chacun.

La grande promesse qui semble se détacher aujourd’hui est celle d’un objet qui facilite le quotidien et apporte un service plus qu’une simple fonction. Ce service s’appuie sur le recueil de données et le croisement de ces dernières pour faciliter son usage et venir améliorer la qualité de vie des utilisateurs. L’objet connecté, simple gadget, ne pourra pas trouver de pérennité. S’il veut perdurer, il devra prouver sa valeur de façon claire et objective face au consommateur.

En effet l’Internet des Objets pourrait entrer au cœur de nos vies et venir bouleverser un équilibre déjà fragile, celui de la vie privée. En recueillant de nombreuses données sur nos habitudes de consommation et plus généralement nos habitudes de vie, les objets connectés font peur et inquiètent.

Cet effet doit être contrebalancé par un apport d’informations qui viendrait équilibrer la relation entre les consommateurs et l’entreprise. La difficulté réside dans la volatilité de la notion de plus-value pour les individus, qui en ont tous une définition propre.

Le distributeur comme tiers de confiance ?

Face à ce consommateur de plus en plus exigeant, le distributeur est challengé dans sa fonction traditionnelle de négociant. Hier encore, il était l’intermédiaire entre les marques et le consommateur, aujourd’hui il doit trouver les armes pour se positionner en tant que tiers de confiance. Les objets connectés représentent pour le distributeur une richesse incomparable, en termes d’informations à collecter notamment, mais également dans sa capacité à devenir un interlocuteur privilégié du consommateur.

Le développement des objets connectés pourrait représenter une véritable révolution pour les retailers, et pourquoi pas leur permettre de se réinventer. En devenant gestionnaire et analyste de la data récoltée par les objets connectés ils pourraient trouver une nouvelle place dans la vie des individus en offrant un service complet associé à l’utilisation de l’objet connecté.

Pour y arriver, les distributeurs doivent devenir des experts en gestion et en analyse de la donnée, mais aussi se positionner suffisamment tôt pour prendre cette place sur le marché, alors même que de nombreux challengers (marques, start-ups…) arrivent sur le marché. Les distributeurs sont dans l’obligation de construire de nouvelles synergies,  construire un hub de services centralisant pour le consommateur l’ensemble de ses objets connectés et ainsi profiter des opportunités offertes par les objets connectés pour pérenniser leurs activités.

La France un environnement propice pour le déploiement des objets connectés ?

La course aux objets connectés est déjà lancée, mais l’environnement actuel de marché permet-il d’envisager un déploiement sans accrocs ?

De nombreuses questions sociétales se posent quant à l’évolution promise par les objets connectés. D’un point de vue purement économique, les états européens, et notamment l’état français misent sur le déploiement des objets connectés pour booster la croissance. Mais des questions surgissent, d’un point de vue environnemental, technique, mais aussi légal.

Si l’on connecte toute sorte d’objets du quotidien, le risque est de tendre vers une consommation excessive des ressources en énergie. Mais la question de l’énergie est ambivalente, car certains objets connectés pourraient également se mettre au service de l’environnement. Par exemple le thermostat Nest, qui permet aux familles de mieux connaître leurs dépenses en énergie et de mieux les maitriser.

La dimension technique est également un aspect à prendre en compte lorsque l’on parle des objets connectés. De nombreux acteurs sont susceptibles d’intervenir en développant des objets sur la base d’une technologie propre. La capacité à produire des objets qui pourraient communiquer entre eux semble être un fondement de l’adoption et du déploiement des objets connectés. Or aujourd’hui, aucun standard n’est privilégié.

Enfin, ces nouvelles technologies peuvent paraître intrusives et le seront certainement en venant collecter de la donnée qui restait jusqu’alors privée. Cela pose des questions d’un point de vue légal, mais également éthique. Le cadre légal évolue et s’adapte à ces nouvelles tendances, et les acteurs semblent s’accorder sur une vision : un consommateur propriétaire exclusif de sa donnée qui décide de la partager ou non.

Si les perspectives de développement des objets connectés sont de plus en plus concrètes, il est encore difficile de projeter de véritables perspectives. Véritable révolution ou simple illusion, il est encore trop tôt pour le dire. Néanmoins il est assez certain que les objets connectés ne laisseront ni les distributeurs, ni les marques et encore moins les consommateurs indifférents en soulevant de nombreuses problématiques d’ordre économique, mais également sociétal.

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Pauline Calvez, Frédéric Delerue, Jean-Baptiste Jarreau, Maryse Schryve et Fiona Stucki