Emmanuel Gadenne s’est fait connaitre grâce à son livre Le guide pratique du Quantified Self. Aujourd’hui manager objets connectés chez Sopra Steria Consulting, il nous donne sa vision du marché des objets connectés et plus particulièrement du Quantified Self. Entretien.
Pour les novices, Quantified Self est un terme anglophone qui signifie automesure. Il regroupe les outils, principes et méthodes qui permettent de mesurer ses données personnelles, les analyser et les partager. Les objets connectés sont bien évidemment au coeur de cette tendance.
Où en est le marché ?
“Dans le passé des acteurs historiques comme Fitbit ou Jawbone se sont appliqués à démocratiser leurs capteurs d’activité et ils ont réussi à atteindre le grand public. Aujourd’hui, on voit de plus en plus l’émergence de fournisseurs qui proposent une gamme de diverses objets (Withings, Netatmo, Parrot, etc.). Sur le marché des bracelets connectés, par exemple, une nouvelle marque qui se veut pure player n’a quasiment aucune chance de succès, sauf s’il met sa technologie au service d’une grande marque comme Adidas.
La tendance actuelle est à l’intégration de l’aspect technologique dans les objets classiques comme la montre, qui est un objet différenciant et personnel, à l’opposer du bracelet connecté. C’est tout le travail qu’a fait Withings sur l’Activité.” Sur ce point, Emmanuel Gadenne rejoint le constat fait par Pierre Garner dans notre interview sur le design des objets connectés.
Beaucoup de capteurs d’activité se retrouvent au placard, comment inverser cette tendance ?
“Pour prendre l’exemple de Fitbit, l’aspect social est énormément mis en avant dans l’application. La gamification est un levier important de fidélisation. On va même jusqu’à chercher de nouveaux « amis » en dehors de son propre cercle pour se challenger.
Le design est également prépondérant. Une interface esthétique ou des infographies pour mettre en forme les données peuvent aider l’utilisateur à être persévérants dans l’effort. Il y a également un vrai besoin de corréler les données entre elles, pour donner des conseils aux utilisateurs pour s’améliorer. Une fois ce cap passé, les données deviennent un étalon pour se comparer à soi-même.”
Le rythme cardiaque intègre de plus en plus de produits, est-ce vraiment utile ?
“C’est un excellent indicateur de santé. Le rythme cardiaque au repos donne des indications sur le niveau de stress et la condition physique notamment. Cet indice est donc pertinent, surtout si l’on arrive à le corréler avec d’autres données (activité, poids, nutrition, etc.).”
Quelle place pour les grands groupes dans le Quantified Self ?
“Des géants comme Apple et Google sont déjà très présents. Les smartphones permettent déjà d’avoir des systèmes évolutifs grâce aux applications. On y relie un tensiomètre, un bracelet, une balance, etc. Aujourd’hui ces deux acteurs proposent également leurs propres plateformes d’agrégation de données avec Google Fit et Healthkit. Tout l’écosystème tourne déjà autour d’eux. Facebook aussi à une carte à jouer.
Certains, comme les laboratoires pharmaceutiques, pourraient y trouver leur compte. D’ici quelque temps ces grands labos pourraient, par exemple, offrir un pilulier connecté si le patient choisit leur médicament pour le traitement à long terme. De nouveaux business modèles vont émerger grâce aux objets connectés et à l’internet des objets.”
Un grand merci à Emmanuel Gadenne pour cet entretien. Rendez-vous vendredi prochain pour une nouvelle interview d’un acteur du marché.
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