Les smartphones, il y en a de plus en plus. Chaque année, des millions de modèles sont déversés sur le marché, de plus en plus perfectionnés. Un tel acharnement des marques de smartphones est en partie justifié par l’engouement des utilisateurs. Il se crée ce qu’on pourrait même appeler une vraie dépendance vis-à-vis de ces produits high-tech.
Si cette industrie profite aussi bien aux fabricants qu’aux utilisateurs, c’est l’environnement qui en pâtit le plus. Oui, les smartphones participent du dérèglement climatique au même titre, voire plus que les industries qui sont généralement pointées du doigt.
Les smartphones, une hypothèque sur l’avenir
Au regard des résultats de l’étude sur l’impact des nouvelles technologies sur le climat, réalisée par deux chercheurs de l’Université canadienne McMaster, il ne serait pas du tout exagéré d’affirmer que l’industrie des smartphones hypothèque l’avenir de la planète.
Cette étude a permis de mettre la lumière une évolution très inquiétante de la part des TIC en général et des smartphones en particulier sur l’environnement. En effet, la polémique de l’impact environnemental des smartphones a véritablement démarré en 2007 avec la sortie du tout premier iPhone. À partir de cette année, la part d’émissions à effet de serre produite était de 1 à 1,6%.
Même avec un pourcentage aussi faible, la pollution des smartphones dépassait déjà de plus de la moitié la part de gaz à effets de serre émise par l’industrie du transport. Selon la même étude, d’ici 2020, elle devrait dépasser celle des moniteurs, des ordinateurs de bureaux et les ordinateurs portables.
Les chiffres devraient continuer à grimper de façon exponentielle jusqu’à atteindre 14% des émissions de gaz à effet de serre de toute la planète d’ici à 2040. Cette évolution est bien évidemment tributaire de plusieurs facteurs.
Nouveauté et grandeur, deux poids dans la balance
Bien qu’une baisse de 0,7% de la vente des smartphones ait été enregistrée en 2017, certaines marques ne semblent pas avoir ressenti la crise. Apple fait notamment partie du peloton de tête.
Le succès du très haut de gamme, notamment de l’iPhone X sorti il y a 6 mois, a permis à la marque à la pomme de prendre une revanche sur le recul des ventes d’iPhone ayant court depuis 2016. Ce nouveau souffle se poursuivra les années à venir et, d’ici à 2021, la vente de smartphones devrait croître de 3%.
Considérant que l’amélioration des ventes de smartphones neufs rime avec l’accroissement de la fabrication, ces tendances n’augurent rien de bon. Une grande part des émissions de gaz à effet de serre, soit 85% à 95%, commence en effet à la fabrication.
En effet, la majorité des composants utilisés dans la fabrication des smartphones sont d’origine minière. Or, l’extraction de ces métaux rares augmente la pression atmosphérique de la planète et la guerre de suprématie entre les différents fabricants n’arrange rien à la situation.
À cela s’ajoutent les facteurs techniques comme la taille du smartphone qui influe sur la quantité de CO² produite. En plus d’exiger l’utilisation de plus de métaux rares, l’utilisation et la recharge d’un plus grand smartphone augmentent de 10% son émission de gaz à effet de serre.
L’ampleur du phénomène est telle que la fabrication d’un smartphone neuf produit autant de C0² que son utilisation pendant une décennie. C’est dire qu’en utilisant un smartphone, vous participez également au réchauffement climatique.
Le Cloud, une autre source de pollution
Si se doter d’un smartphone neuf est très nocif pour l’environnement, l’utiliser ne l’est pas moins. Vous avez surement dû entendre parler des entrepôts géants remplis de serveurs qui hébergent les millions d’informations. Recherches, publication de photos sur les réseaux sociaux, achats sur un site e-commerce, téléchargement de vidéos ou de musique, chacun de ces modes d’utilisation de votre téléphone génère des données qui doivent être stockées sur des serveurs.
Pour rester fonctionnels, les serveurs sont maintenus allumés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. En plus de l’énergie nécessaire à leur fonctionnement continuel, il y a aussi celle utilisée pour les maintenir dans des conditions sécuritaires optimales : climatisation, systèmes anti-incendie, etc. La contrepartie de cette surconsommation des ressources de la terre est l’émission de plusieurs centaines de mégatonnes de C0² chaque année.
Face à cela, Google mène un combat depuis 2007, se traduisant par un investissement massif dans l’énergie renouvelable. En 2017, son bilan se traduisait par la réduction de moitié de l’énergie consommée, le positionnement de la firme en tant que 1er acheteur d’énergies renouvelables et la compensation de 2,9 millions de tonnes des émissions de gaz à effet de serre. Fort de ce bilan qui le classe en tête des entreprises militant pour l’énergie renouvelable, suivie près par Apple, Google a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Ses nouvelles ambitions écologiques concernent un passage aux 100% énergies renouvelables. Pour se faire, il mise sur l’installation de centrales énergétiques révolutionnaires, fonctionnant à l’antigel et au sel. Cette solution a pour avantage de permettre une meilleure conservation de l’énergie stockée et semble bien plus compétitive financièrement que les solutions utilisées jusque-là.
Toutefois, cela reste tout de même une goutte d’eau dans la mer lorsque la prise de conscience n’est pas collective.
Le recyclage, une solution à ne pas négliger
Aujourd’hui, notre tendance à changer de portable comme on change de chemise fait partie des raisons pour lesquelles les fabricants misent autant sur l’accroissement de la production. Considérant la production comme l’un des facteurs d’émissions de C0², il serait temps de forcer les fabricants à ralentir leur rythme de fabrication en revoyant nous-mêmes notre cycle d’utilisation.
Aujourd’hui, il est bien plus facile, surtout moins couteux, de changer de téléphone que de le faire réparer. C’est vrai que lorsque la réparation vaut presque autant que le prix d’achat du neuf, il est plus intéressant de s’offrir un autre téléphone.
Utiliser un téléphone bien plus longtemps, le revendre ou l’offrir à quelqu’un serait un moyen de freiner la production. Cela demanderait par contre la participation des marques qui devraient produire des appareils bien plus résistants et limiter les mesures d’obsolescence programmée contre laquelle les associations des consommateurs luttent.
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